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À l’heure où la lecture numérique gagne en popularité, comme en témoigne la croissance des ventes de tablettes et de liseuses électroniques (réf.), on ne peut faire comme si les transformations que le changement de medium (cf. supports) entraînera nécessairement dans le comportement des lecteurs, n’aura aucune conséquence sur le rapport des individus concernés avec la culture. Or, comme la culture est faite principalement des pratiques des individus vis à vis les possibilités que les artefacts humains offrent au membres de notre communauté planétaire, selon une définition pragmatique et ‘cosmopolite’ (voire la page culture/définition), et puisque les individus qui sont actifs sur le web entraîneront sûrement de nombreux ‘amis’ à les suivre en vertu de leur « dynamisme culturel » lui-même, on peut prévoir sans trop risquer de se tromper, que bientôt ce sera la majorité de l’humanité qui lira principalement sur le web ou du moins sur des supports électroniques. Cette prédiction est d’autant plus probable que (1) on y est presque déjà (à vérifier), (2) les technologies s’améliorent et permettront de surmonter les dernières réticences qui peuvent rester par rapport à l’adoption des livres numériques (caractère cassant du support, le fait qu’il ne supporte pas les intempéries, manque de souplesse, faiblesses sur le plan de l’ergonomie de l’interface, etc.) et (3) les systèmes d’éducation sont déjà en train de favoriser largement la dépendance à ces TICEs pour toute transaction intellectuelle.

Or il s’avère que nous pouvons adopter une définition plus ‘herméneutique’ de la culture ou si vous préférez une vision qui favorise davantage le point de vue de la réception, et on constatera alors que ce seraient surtout les lecteurs qui font la culture. En effet, qu’est-ce qu’un livre qui n’est pas lu peut-il bien avoir comme influence sur notre vision du monde partagée. On ne sort même pas ici du point de vue pragmatique précédent et on parvient à la même conclusion : la lecture est ‘définitivement’ (comme disent nos joueurs de Hockey pour dire « à un très haut degré » ou ‘absolument’) déterminante pour la configuration de nos croyances et conceptions relatives à ce qui est vrai, ce qui vaut et ce qui risque d’advenir dans l’avenir (autrement le coeur de ce qui compte pour comprendre un peuple, une espèce, une manière de penser) – soit l’essentiel de ce qui constitue une culture… notre culture.

Tissu inca illustrant un article visant à définir la culture matérielle Source: http://archaeology.about.com/od/mterms/g/material_cultur.htm

Tissu inca illustrant un article visant à définir la culture matérielle

Cela est cohérent avec le fait que les représentations, malgré leur caractère ‘abstrait’ par rapport à la réalité matérielle des choses, ont un rôle de levier qui, par l’intermédiaire du langage (incarnant les concepts universels et autres dans les différentes langues du monde), nous apportent les « prises » dont nous avons besoin pour nous sentir en contrôle de notre destinée. Ce n’est peut-être qu’une illusion, mais c’est en participant à l’évolution d’un système de représentations reposant sur des codes et se traduisant par des échanges reposant sur ces codes (conversations, discussions, débats) que nous modifions peu à peu notre environnement par les orientations que nous donnons aux institutions qui nous gouvernent.

Donc, il va sans dire qu’un simple ‘papier’ publié dans un cyberjournal peut avoir une influence importante sur une génération selon la répercussion qu’il obtient même s’il n’a jamais été imprimé par qui que ce soit. Le monde de l’édition traverse donc forcément de sérieuses remises en question. Mais il ne faut pas négliger la possibilité que des individus se remettent à favoriser les institutions hiérarchique permettant le contrôle de ce qui est publiable ou non et qu’ils tentent d’imposer ces restrictions à l’ensemble de l’humanité sous prétexte qu’ils craignent les conséquences d’une culture qui se libère des mains-mises de l’élitisme du corporatisme et du néo-conservatisme qui menace de suspendre nos droits au nom de la préservation des privilèges des plus riches et des plus puissants. Cela ne relève pas de la théorie du complot. C’est le même raisonnement que le réalisme de base nous impose. Si une personne a atteint un niveau de vie elle renoncera difficilement à ce-denier sans se battre. Or, ce sont les mêmes personnes qui contrôlent l’industrie des communications (dont dépend Internet), du pétrole (le web en a besoin pour alimenter les serveurs), des finances, de l’industrie militaire, alimentaire, etc. Donc on ne peut pas dire que la partie soit gagnée d’avance, même si les 99% se mobilisent en même temps pour les renverser. Il faudrait que l’ensemble des militaires se mutinent et que les politiciens refusent tout d’un coup de jouer leur jeu. Comme on dit, « ce n’est pas demain la veille » (autrement dit, ce n’est pas susceptible d’arriver après-demain… et c’est un euphémisme.

Mais il ne faut pas négliger encore une fois le pouvoir des symboles et en particulier de la lecture de nous amener à prendre conscience des situations qui doivent changer pour qu’une société juste puisse devenir réalité.

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